mercredi 28 septembre 2016

Ric O'Barry's Dolphin Project : Taiji 2


Dimanche 18 septembre, deuxième jour à Taiji et premier jour comme Cove Monitor.
J’avais rendez-vous devant l’hôtel à 4h50 avec le reste de l’équipe. Tous les jours, le départ vers la crique se fait avant 5h du matin. En chemin, Daniela m’explique 2-3 petites choses sur ce que je vais voir aujourd’hui. J’imaginais la crique dans un endroit un peu à l’écart, en fait elle se trouve à quelques petites minutes de l’hôtel juste après le musée de la baleine au bord de la route. La crique est même aménagée.

La crique vue de la route

Quand je la vis, j’ai eu une désagréable impression,  car j’avais l’habitude de la voir en photo ou en vidéo, cette fois la crique était devant moi, mais pas le temps de nous attarder. Juste après la crique, sur la gauche en sortant du tunnel se trouve un hôtel à côté duquel nous nous sommes garés. De voir cet hôtel juste là à quelques mètres des dauphins se faisant massacrer me dégouta, comment peut-on rester insensible, inintéressé à ces actes de barbarie.

La police et deux personnes de la mairie de Taiji étaient déjà là à nous attendre. Le chemin, court mais raide, menant a l'esplanade qui domine la crique se trouve au pied de l’hôtel. En chemin on entendait le bruit très désagréable des bateaux qui arrivaient. Ça ressemblait à un bourdonnement : très bruyant et pas amical comme si c’était fait exprès. Nous avions à peine posé nos affaires que des policiers sont venus nous voir et moi en particulier car j’étais nouveau. Ils voulaient que je les suive jusqu’au poste face à la crique. J’ai refusé l’invitation puisque le droit me le permet et que je ne fais rien d’illégal. J’ai donc rempli sommairement le questionnaire (nom, prénom, date de départ, métier, raison de ma présence), ensuite ils m’ont expliqué que je ne pouvais pas franchir la barrière, si une branche se trouvait dans mon champ de vision je ne pouvais pas la toucher encore moins la casser, idem pour les feuilles. C’est du vandalisme qu’ils disaient ! Voyez la différence de traitement, une feuille, une branche et ce sont les ennuis alors que le massacre de cétacés 50 m plus bas c est normal. En fait les autorités jouent la montre en espérant que la végétation recouvre la vue de la crique. 


Il n'y a qu'un seul point de vue qui donne la crique alors pour cacher en partie le massacre, les pêcheurs ont installé une bâche verte en travers. On dit que beaucoup de gens ne savent pas ce qui se passe dans cette crique mais je n'en suis pas si sur parce que j'ai vu de nombreux touristes. C'est un sentiment que j'ai ressenti tout le long.
Le sale boulot est toujours dissimulé par des bâches dans la crique comme sur les bateaux. Je me demande pourquoi ils se donnent autant d’efforts pour tout cacher puisqu'ils disent eux mêmes que c est légal. Tant d’efforts de dissimulation pour une “tradition”.

C'est sous cette bâche que les pêcheurs tuent.

3 bateaux étaient là avec des pêcheurs et des dresseurs, des dresseurs qui disent "aimer" les animaux mais participent volontiers au massacre. Un pod de dauphins est dans la crique, et un autre pod de globicéphales se trouvent à côté, les deux groupes n’ont rien mangé depuis 3 jours. Les pêcheurs les fatiguent ainsi pour faciliter la tuerie.

Mise en place des filets
Le filet empêche les cétacés de s’échouer.


 
Les bateaux équipés de moteurs hors bord, reculaient en effrayant avec leurs hélices, le pod de dauphins qui comprenaient des petits afin de les pousser vers le fond de la crique. Les pêcheurs ont d'abord séparés les petits des adultes.  

Les bateaux reculent forcant les dauphins a nage vers l'interieur de la crique.

Coincés dans l’enclos que les pêcheurs réduisaient petit à petit, et effrayés par les hélices des bateaux qui venaient juste à côté d'eux, les dauphins paniqués se jetaient désespérément dans les filets ou les rochers, mais les plongeurs les repoussaient et les isolaient afin que la sélection commence. C’était une méthode d’une brutalité inouïe et tant pis si un animal se blessait sur une hélice. Rien qu'à entendre les pêcheurs parler on se rendait compte de leur haine. La méthode était terrible : prisonniers, affames, effrayés, triés, séparés, tués ou déportés. Taiji porte bien son nom de "Baie de la honte".


Un dauphin était d abord piégé dans un filet pour être évaluer puis retenu prisonnier dans une sorte de civière placée le long du bateau, un dresseur se tenait à ses côtés pour l’hydrater. Chaque bateau pouvait emporter 2 dauphins en même temps vers les bassins situés autour de Taiji. En plus d'informer le monde sur Taiji, le recensement des cetaces vers la captivite est l'un des travails des Cove Monitor. Ce matin, 4 dauphins et 1 globicéphales furent déportés, sur le week-end ce sont 42 dauphins et 1 globicéphales soit près de 9 millions de dollars.
Le dauphin est prélevé du groupe pour être "évaluer" pour la captivité.
Les dauphins sélectionnés pour la captivité sont places dans les civières de part et d 'autre du bateau (2 dauphins par bateau). Les dresseurs (en combinaison de plongée) sont à côté.

Les dauphins sont transportes jusqu'aux cages situes autour de Taiji.
Le reste du pod, des dauphins juvéniles furent libérés de façon tout aussi brutale. Des bateaux de pêche plus gros appelés “Banger boat” placés dans la baie de Taiji tel un guet-apens se sont chargés de les poursuivre afin de les repousser vers le large. Seuls, affamés, épuisés, sans autres membres adultes pour leur apprendre à chasser, leurs chances de survie étaient très faibles.
Les dauphins juveniles vont etre pousses vers le large
Les bateaux reculent sur les dauphins pour les faire fuir
Un Banger boat, on voit dans le carre rouge le tube sur lequel le pecheur tape pour effrayer les cétacés en créant un mur sonore.

Les bateaux repoussent les jeunes dauphins vers le large de la même manière qu'ils les ont amenés jusque dans la crique.

Dans l’autre pod, les globicéphales attendaient leur sort faisant uniquement des remontées à la surface pour respirer. Ils étaient là depuis 3 jours sans manger, immobiles : ils ne pouvaient pas nager le pod était trop petit. Le plus gros globicéphale était au milieu entouré par les plus jeunes et des adultes tournaient autour pour apporter du réconfort. Vers 9h25, après les dauphins, les pêcheurs poussèrent les globicéphales au fond de la crique afin d’en sélectionner pour la captivité avec la même brutalité malgré la présence de nombreux jeunes globicéphales. Les bateaux commençaient par les encercler puis reculaient hélice en avant. La peur poussait les globicéphales au fond de la crique. 

Sous la protection des Gardes-Cotes, les bateaux encerclent les globicephales
Puis ils font marche arriere pour les pousser vers le fond de la crique

À l'aide de bâtons, des plongeurs cantonnaient les globicéphales au fond la crique. Un globicéphale fut déporté, 2 autres libérés à partir d’un banger boat. Vers 10h05 après avoir redéployé les filets, les pêcheurs rentrèrent et laissèrent pour le 3e jour consécutif les globicéphales.

Un plongeur tape l'eau pour maintenir les globicephales dans un espace restreint
La selection pour la captivite commence
Les globicéphales avaient une réaction étrange car ils restaient en ligne devant les bateaux comme s'ils essayaient de communiquer, de comprendre pourquoi. On dit qu'il faut toujours faire attention à un animal blessé ou acculé, mais les globicéphales comme les dauphins n'ont jamais eu la moindre réaction violente. Ils sont restés presque passifs.



Les pêcheurs ont jusqu’à 14h pour faire leurs besognes.

L’après-midi, j’avais quartier libre, Daniela devait faire son rapport et accueillir Taylor McKeown, championne olympique à Rio. De mon côté, je retournais à la crique car je voulais voir ce que l'on ressentait depuis la plage. À peine arrivé, le vigile courut au poste de police pour signaler ma présence et je vis arriver 3-4 policiers que j’avais vu le matin. L’officier de police m’expliqua 2-3 règles à suivre sur la plage surtout si des nationalistes devaient arriver.
La crique était très calme, on entendait le souffle des globicéphales et parfois leurs cris. C'est un joli endroit mais entre toutes les images que j'avais vues et ma présence dans cet endroit où se déroule l'un des plus grands massacres de cétacés me mit mal à l'aise. C'est comme si tous les animaux massacrer pour le profit hantaient la crique. De plus, les barrières sont représentatives de toutes les tensions et des tentatives de dissimulation des pêcheurs appuyées par les autorités. J'ai pu discuter seul à seul avec l'officier de police originaire de Wakayama à 3 heures de route (ils changent tous les mardis), il me paraissait sincère lorsqu'il disait que ce qui le tracassait c’était la présence des nationalistes qui viennent mettre le bordel et que les activistes ne le dérangeaient pas au contraire même. Mais il m'a peut-être dit ce que je voulais entendre aussi.


Plus je restais sur la plage plus je prenais conscience du cynisme des gens qui s’arrêter pour satisfaire une curiosité malsaine afin regarder les globicéphales. Ils peuvent même se baigner jusqu'à la limite de la zone et en été, un ou deux dauphins sont mis dans la zone de baignade et les gens peuvent "nager" avec lui.


Restaurant a cote du musee de la baleine ou les gens peuvent manger de la baleine sur un bol de riz (くじら丼)
Avoir le sens de l'hospitalite.
La plage, la crique se trouve sur la droite.
Les pecheurs ont meme amenage un quai. La definition de vandalisme est differente si l'on est japonais ou etranger.
Ca veut tout dire !
La route juste au dessus de la plage.


Ensuite, je suis retourné filmer autour du musée (de jour c est quand même mieux) puis je suis rentré à l’hôtel pour aller manger avec les Cove Monitor.

Pour ma première journée (pluvieuse) d'activiste j'ai "découvert" de mes propres yeux la réalité de la captivité et la perversité d'un système. Ça a été un sacre choc émotionnel.
Je remercie le Ric O'Barry's Dolphin Project pour les photos, les videos sont disponibles sur la page facebook.

2 commentaires:

  1. C'est insupportable, il faut
    que ca cesse. Pourquoi certains etres humains sont ils autant dégénérés.

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  2. C'est insupportable, il faut
    que ca cesse. Pourquoi certains etres humains sont ils autant dégénérés.

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